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Parkinson et DMLA, les clés de l’efficacité croisée d’un médicament

Améliorer l’arsenal thérapeutique contre la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est un enjeu de santé publique. Une étude de Florian Sennlaub et de son équipe, publiée dans The Journal of Clinical Investigation, révèle que des traitements dopaminergiques employés contre la maladie de Parkinson pourraient ralentir la forme humide de la maladie.

Florian Sennlaub
Florian Sennlaub
Directeur de recherche

«   Ces résultats ouvrent des perspectives inédites pour les patients atteints de DMLA dans sa forme humide. Nous avons maintenant une piste sérieuse pour retarder l’évolution de cette maladie et réduire le fardeau des traitements actuels.  »

L' a dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est la première cause de handicap visuel après 50 ans. D’origine multifactorielle, elle se manifeste par une détérioration d’une partie de la rétine – la macula – et entraîne une perte de la vision centrale. On distingue la forme sèche, sans traitement curatif à ce jour, et la forme humide ou néovasculaire, qui peut être ralentie par des injections mensuelles, très contraignantes, administrées directement dans l’œil du patient. 

Des études épidémiologiques antérieures avaient déjà mis en évidence une association possible entre la maladie de Parkinson et un risque réduit de DMLA néovasculaire. Les mécanismes sous-jacents de cette protection potentielle restaient néanmoins à expliquer.

L’équipe Inflammation et immunologie dans les pathologies de la rétine de l’Institut de la Vision, dirigée par Florian Sennlaub*, vient lever ce voile. Dans des modèles expérimentaux, les scientifiques ont montré que la L-Dopa, médicament de la famille des dopaminergiques utilisé dans le traitement de la maladie de Parkinson, active un récepteur spécifique du cerveau, appelé DRD2. Cette activation du DRD2 bloque la formation de nouveaux vaisseaux sanguins dans l’œil, un processus clé dans le développement de la DMLA humide.

Pour aller plus loin, l’équipe a ensuite analysé les données de santé de plus de 200 000 patients atteints de DMLA néovasculaire en France (source SNDS). Elle a confirmé que ceux traités par L-Dopa ou autres antagonistes de DRD2 voyaient l’apparition de la forme humide différée d’environ quatre ans. Des études cliniques plus approfondies seront nécessaires pour confirmer ces résultats et évaluer l’efficacité et la sécurité de ces médicaments dans la prévention et le traitement de la maladie.

* Ce travail est le fruit d’une collaboration avec des équipes de l’université et du CHU de Lyon, de l’université de Bourgogne et de l’Institut du cerveau à Paris.


Publication : Thibaud Mathis et al. DRD2 activation inhibits choroidal neovascularization in patients with Parkinson’s disease and age-related macular degeneration, J Clin Invest. 2024;134(17):e174199. https://doi.org/10.1172/JCI174199