La recherche fondamentale à l'avant-garde de l'innovation ophtalmologique
3 questions à…

— Que révèle l’évaluation l’HCÉRES* sur la dynamique scientifique de l’Institut ?
Serge Picaud : Le rapport officiel a été rendu public cette année suite à l’évaluation conduite en 2023. Ce rapport confirme l’excellence scientifique de l’Institut de la Vision et son rang de niveau mondial. Le comité a jugé l’ensemble des équipes comme globalement excellentes, avec la moitié d’entre elles jugées remarquables. Ce résultat reflète la cohérence et la solidité de notre stratégie de recherche. Il nous conforte dans notre capacité à explorer des domaines scientifiques de rupture et à mobiliser de nouveaux financements pour soutenir des innovations à fort impact pour les patients.
— Les évolutions des technologies comme l’IA et la robotique redéfinissent-elles vos priorités ?
S.P : Notre Institut doit garder une certaine souplesse et adaptabilité pour absorber ces nouvelles technologies porteuses d’innovation, comme l’intelligence artificielle, la robotique ou la biologie computationnelle. L’IA permet par exemple de modéliser, prédire, automatiser ou accélérer des processus complexes ouvrant ainsi des perspectives inédites en génomique, vectorologie ou chirurgie. Elle était déjà présente à l’Institut pour modéliser le fonctionnement des neurones mais elle traverse maintenant toute l’organisation de la recherche pour accélérer l’innovation. Nous devons mettre cette intelligence au service de nos équipes de recherche et, in fine, du patient.
— Ces avancées modifient-elles aussi l’organisation au sein de l’Institut ?
S.P. : Oui, ces technologies élargissent notre champ d’action et font évoluer nos pratiques. En thérapie génique, par exemple, l’IA nous aide à identifier la capside la plus adaptée pour cibler efficacement la cellule visée. Nous travaillons ainsi à rendre ces thérapies plus sûres, en maîtrisant mieux leur mode d’administration. Dans cette dynamique, nous allons créer une nouvelle équipe d’innovation chirurgicale, dirigée par le Pr Stéphane Bertin (chirurgien à l’Hôpital national des 15-20). Grâce au soutien de la Région Île-de-France, nous acquerrons en 2025 un robot chirurgical de dernière génération, ouvrant la voie à des interventions aujourd’hui encore impossibles, même pour les meilleurs chirurgiens. Ce même financement soutiendra aussi l’agrandissement de notre salle de culture d’organoïdes rétiniens, pour accélérer la modélisation des maladies oculaires.
* HCÉRES : Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur
« Nos investissements témoignent de notre volonté d’innover avec, et pour, le soin des patients. »